mardi 25 janvier 2011

suite de la publication sur ONLiT / Conférence à propos de mon livre Post crevette aux éditions de l'Âne qui butine

Voici la deuxième partie d'un texte dont la première partie est publiée sur le site de littérature ONLiT, ici.


C’est là que ça devient intéressant puisqu’il faut savoir que notre père était un mec super riche mais complètement dégénéré et dépravé, il avait hérité d’un énorme domaine – plusieurs centaines d’hectares – de bois, de champs, de forêts etc, avec dessus plusieurs habitations dont la grange qui sert actuellement de repère et dortoir à notre réseau de prostitution anarcho-autonome et un petit chateau, qu’il a laissé complètement s’écrouler d’ailleurs, parce qu’il en avait rien à foutre. Si un jour vous êtes dans le coin venez voir, on vous fait visiter c’est vraiment impressionnant comme endroit.

Donc le mec vivait là, complètement à la ramasse, seul en plus, et évidemment il ne s’occupait pas du tout d’entretenir ni de surveiller cette immensité de terrains, ce qui a assez vite été repéré par pas mal de monde en ville. En effet cette zone de terres longe la forêt de Soignes jusqu’à Bruxelles, elle forme un accès direct à Bruxelles, ce qui évidemment a incité des gens de tous poils à faire leurs petits bizness ici, chez nous donc, sur nos terres. Par exemple il y a des campements de sans papiers, parfois des roms, des SDF en tous genre, mais aussi, attention, pas mal de prostitution.

Et c’est là que ça se corse vu qu’à un moment donné la nature a décidé de donner la vie à une fille assez barrée je dois dire, assez barrée sans que ce soit de sa faute puisqu’en fait sa particularité c’était tout simplement d’avoir un flux libidinal super développé – un peu trop développé en fait. Cette fille naît et grandit, mais à un moment donné, vers les onze-douze ans, on ne sait pas trop, les journaux n’ont pas réussi à retrouver son identité précise ni sa date de naissance, hé bien cette fille décide pour une raison ou une autre de fuguer. Du moins c’est comme ça que notre père a décrit l’affaire dans son journal, si vous passez par chez nous je vous le montrerai, il en parle assez bien.

La fille fugue et on ne sait pas trop comment mais elle se retrouve finalement, par conviction personnelle, à faire le tapin dans la forêt anarcho-autonome de mon père. Lui comme un con il faisait semblant de rien par rapport à la prostitution chez lui, il faisait semblant de rien et en même temps apparemment ça l’arrangeait bien puisqu’il allait aussi y faire des tours de temps en temps.

Voilà, ça c’est le début de Post-Crevette, quand mon père rencontre cette fille prostituée de onze-douze ans dans la forêt et qu’il l’emmène dans sa bagnole.

La suite, tout le monde s’en doute, ce sont des scènes vraiment très impressionnantes de sensualité et de sexualité complètement amorales, amorales c’est-à-dire en dehors de la morale puisque se déroulant chaque fois dans des lieux et des états complètement extérieurs au monde des hommes. La fille en question était apparemment 100% obsédée sexuelle, vraiment un cas pathologique bizarre créé on ne sait trop pourquoi par Dame Nature mais enfin vous comprendrez que nous ça nous a donné un bon moteur d’écriture.

Un moteur d’écriture d’autant plus performant et poignant en effet que, tout le monde s’en doute, hé bien cette fillette est en fait tout bonnement notre mère. Le pourquoi du comment et le comment du pourquoi elle tombe enceinte est expliqué dans le bouquin, expliqué en long et en large mais surtout complètement de travers, vu les affects dégagés par le fait d’avoir à écrire tout ça, vous vous en doutez.

Je vous passe les détails puisque vous allez lire le livre – bonne chance ! – mais bon sachez que la fille reste chez le mec, il se passe plein de trucs vraiment incroyables, on nage dans des scènes pas possibles vu les lieux où ils passent leur temps – et encore une fois, passez dans le coin je vous montre tous les endroits, c’est vraiment très impressionnant comme lieux.

Après des pages et des pages de toutes sortes de scènes corporelles hyper raffinées dans la nature, l’histoire de notre mère se termine très mal en fait. Le journal écrit par notre père qu’on a retrouvé et sur lequel on s’est basé pour l’écriture de notre livre raconte avec beaucoup de détails la fin de sa grossesse, apparemment elle était devenue invivable, complètement hystérique, elle fuguait tout le temps, il devait constamment la poursuivre à travers la forêt etc (le con flippait évidemment, il avait la trouille qu’elle se pointe dans le monde extérieur, enceinte à douze ans ça le fait moyennement pour le mâle en question).

Donc voilà, arrivée à terme elle fugue une nouvelle fois dans la forêt, et là ce qui se passe c’est que les contractions commencent. Encore une fois je ne vais pas m’approfondir là-dessus, dans le livre tout ceci est évoqué avec un souci constant tant du détail que de la pudeur requise pour la description de ce genre de circonstances, mais toujours est-il qu’après plusieurs heures il la trouve, elle est couchée près d’un marrais crevant de mal, vautrée par terre les cheveux dans la vase, c’est très impressionnant. Alors lui de son côté il ne sait pas trop quoi faire, il n’a jamais fait ça, il flippe complètement et surtout il trouve que le temps passe anormalement lentement. Comme il est alcoolique il voudrait se servir un bon coup de vodka à la maison et essaie de la convaincre de plutôt aller accoucher à la maison. Pas de bol pour lui elle s’agrippe à une souche et refuse d’accoucher ailleurs qu’ici dans la forêt.

Du coup le mec fait plusieurs fois l’aller-retour maison délabrée – marrais, d’abord pour aller chercher une flasque de vodka pour lui, puis une pour elle pour atténuer sa douleur, puis de plus en plus flippé et inquiet et impatient il repart chercher une bouteille entière ainsi que des couteaux de cuisine hyper bien aiguisés. Il se dit : tentons le tout pour le tout, faisons une césarienne. Je décris le tout pendant des pages et des pages dans le bouquin, vous en aurez pour votre argent, mais la fin est super cruelle je dois dire. Ariane et moi on naît (elle avait des jumeaux dans son ventre, il ne s’y attendait pas), notre mère est là par terre dans la forêt, complètement bousillée, il ne sait pas trop quoi foutre alors il nous prend et nous confie à une femme de ménage qui habite chez lui puis repart sur les lieux avec une bèche. Hop il creuse un trou et balance la fille dedans, c’est super glauque. La toute fin du livre est vraiment triste, horrible, puisqu’il n’arrive pas à lui couper convenablement la veine jugulaire alors il lui balance des coups de bêche dans la face, notre mère continue son râle et donc il ne trouve rien de mieux que de boucher le trou avec la bêche...

Voilà en gros l’anecdote dont je voulais vous parler, et qui situe du coup un peu mieux mon livre dans son contexte...

mardi 21 décembre 2010

mon ami barbu (Andy Fierens)

En ce moment c’est parti pour un nouveau bouquin

un livre pas mal je dois dire

puisque très drôle puisqu’on voit au début un mec

un barbu, vraiment très barbu

(ce qui tout de suite me donne l’occasion d’ailleurs de philosopher

d’entrer en matière par de longues pages de philosophie passionnantes

sur la question du corps, de la gestion de l’hygiène du corps)

on voit comme ça au début de mon bouquin ce mec, barbu

philosopher avec sa femme, ses enfants

à poil dans la salle de bain

sur la question du poil, de la barbe

sur la question cruciale qu’est celle de savoir s’il faut ou non se couper les poils, les cheveux, les ongles

car en effet dans cette famille ils ont décidé de devenir

des intégristes expérimentaux

des intégristes de la biologie en fait, plus précisément

mais expérimentaux.


Le mec est là avec sa barbe, il spécule à poil dans la salle de bain avec ses enfants

ses enfants lui expliquent qu’il fait bien de refuser de se couper la barbe

que franchement ce que Dame Nature nous donne il nous faut le garder

que par exemple eux ils pissent exclusivement dans des bouteilles

grande révélation

ses enfants lui révèlent qu’ils pissent exclusivement dans des bouteilles qu’ils cachent un peu partout dans leur chambre, sous les meubles etc, même dans la cave

ce que le mec en question n’avait pas du tout remarqué puisque lui son métier c’est

poète sonore expérimental et qu’à ce titre

il est souvent en tournée

en tournée générale à gauche à droite.


Voilà ça spécule ça spécule

ça spécule poils et restes de corps, excès de corps, matières extirpées de corps

on en vient à la question de l’organe, du rôle de l’organe, de l’organisme, de l’organisation

et là du coup évidemment on voit venir l’affaire puisque le mec demande :

hé ben et pour déféquer comment faites-vous ?

(ils sont très polis dans cette famille, ça les fait rire d’être polis donc ils le sont)

hé bien papa, nous pour déféquer nous faisons comme Dame Nature nous commande de faire

nous observons ce qui se passe dans la nature quoi

nous voyons les insectes coprophages faire leur boulot par exemple

ce qui nous a donné des idées expérimentales

on a par exemple via internet

pris contact avec une équipe de chercheurs en Chine qui

bossent sur ce sujet, sur le sujet crucial pour l’avenir de l’humanité qu’est la question de la nourriture

et nous expérimentons depuis un petit temps

grâce aux techniques déjà élaborées en Chine

des moyens d’être auto-coprophages

en transformant nos fèces en hamburgers

lui expliquent-ils

toujours à poil et barbu

dans la salle de bain.


Le mec se caresse la barbe pour réfléchir

il regarde sa femme, à poil dans le bain

défigurée à cause d’une vilaine chute à vélo

il regarde ses enfants

il se regarde dans le miroir

et là il se voit, il voit sa barbe, ses mains dans sa barbe

et

bizarrement

cette scène lui

donne une furieuse envie

de faire caca.


Aussitôt dit aussitôt fait

le mec s’assied sur la toilette

ses enfants lui disent

très bien papa

exactement ce qu’il nous faut on va te montrer

comment ça marche.


Tandis que les enfants s’éclipsent

la femme du mec, défigurée donc

par ce vilain accident lui explique

que elle depuis qu’elle a un œil en moins et la

mâchoire complètement bousillée

elle est vachement contente que ce soient les enfants

qui s’occupent de faire à manger tous les soirs

et que elle franchement les hamburgers qu’ils cuisinent

elle trouve pas ça dégueu

de toute façon dit-elle, moi je suis complètement déprimée

à cause de mon accident.


Les enfants reviennent avec un hot-dog qui a l’air tout à fait convenable

tout à fait propice à l’ingestion, ce que le mec fait

il mange son hot-dog fait maison

se regarde dans le miroir et dit :

j’aime mes enfants.


Il décide du coup de leur raconter une blague :

il leur dit comme ça :

vous connaissez la blague du coprophage tartiné ?

ah non répondent-ils, mais raconte toujours, ça nous intéresse.


Hé bien c’est un mec, un coprophage donc

qui va se promener avec son chien

dans la rue, pour faire le tour du

pâté de maisons.


Au coin de la rue il croise son copain nécrophage

un artiste qui a dans l’idée de bosser dans les hôpitaux au service crémation des déchets

pour prendre les morceaux humains intéressants afin de faire

un banquet cannibale 100% légal, et 100% bio aussi, par la même occasion.


(puisqu’en effet mon livre, on l’aura compris, s’articule autour des problématiques hyper-contemporaines de la nourriture dans le monde face à la surpopulation, et de l’impact écologique gigantesque lié à la production de cette nourriture)

Ils discutent un bout de chemin ensemble

et là ce qui se passe c’est qu’une bagarre s’enclenche entre leurs chiens respectifs.

Dans l’histoire le mec ne mentionne pas dans sa blague exactement pourquoi ces deux chiens se battent

le pourquoi, il ne le détaille pas, mais par contre le comment, ça oui

ça oui je décris longuement, très longuement tous les détails de cette cruauté sauvage

par la bouche du mec barbu qui raconte donc

cette blague à ses enfants.


Les enfants écoutent la blague

qui tire en longueur puisque le combat de chiens dure des plombes

tellement en longueur qu’à un moment un des enfants doit même aller pisser

ce qui est toute une opération évidemment puisqu’il faut trouver une bouteille vide

et un endroit où caser celle-ci une fois remplie.


Enfin bref les chiens se battent à mort

ils sont presque morts, dans la blague du mec

tellement sur la limite entre la vie et la mort que le nécrophage

dit au coprophage

intéressant hein, comme scène ?

oui, j’allais te le dire, répond l’autre

ha dit l’un

ça me donne une idée

dit-il à l’autre

sur quoi l’autre dit comme ça

vas-y accouche

et l’un, le premier, qui dit

eh si on se la pétait hommes préhistoriques expérimentaux ?

ah dit l’autre, je veux bien mais comment ?

ben dit le premier, si on se tartinait avec les corps de nos chiens

à moitié morts mais encore à moitié vivants ?

ouais dit l’autre, faisons ça, un vêtement spécial chien

ouais, spécial chien, spécial en hommage aux hommes préhistoriques

qui s’habillaient de peau

et ont dompté les loups sauvages

pour les transformer progressivement en chienchiens, en caniches etc

haha ouais ouais !

répond l’autre et ils le font.


Ils se foutent à poil en rue

raconte le barbu à ses enfants

ils se foutent à poil en rue et se font un vêtement avec leur chien respectif

puis tout contents

vont au café !


Haha ça ça fait rire les enfants évidemment

puisqu’il est bien connu qu’il n’y a pas

plus cruel, plus sadique qu’un enfant.


Dans le bar, grosse ambiance

vu qu’ils font la connaissance d’une vieille saoularde

SDF, alcoolique, qui se promène partout avec une tripotée de sacs plastique

dans lesquels elle planque tout ce qu’elle trouve d’intéressant dans les poubelles.


Evidemment ils sympathisent, puisqu’eux aussi, la récup c’est leur dada

ils sympathisent, ils picolent

explique toujours le barbu à poil dans la salle de bain à ses enfants

puis à un moment la vieille dit

bon moi je vais pisser

qui vient avec moi ?

Les deux se lèvent comme un seul homme

et descendent pisser avec la vieille.

Les toilettes du bar sont au sous-sol

il fait sombre et le chemin

n’est pas clairement indiqué.


Du coup ils se paument dans les méandres de la cave

tombent dans un trou tellement ils sont bourrés

et se retrouvent comme trois cons

dans les égouts de la ville.


Ca les fait marrer évidemment

ils s’enlacent de rire

etc etc etc, vous devinez la suite

lance le barbu à ses enfants.


Cool ta blague, papa !

mais elle se termine comment, en fait ?


Oh hé ben ils marchent comme ça dans les égouts un bon moment

ils passent sous plein de maisons, qui déversent plein d’eau, de chasses etc

ils se prennent plein de fèces et d’urine dans la tronche

à toutes les maisons c’est pareil

jusqu’à une maison

une maison dont le trou qui débouche sur l’égout ne

déverse remarquent-ils

vraiment rien

que dalle.


Ils se disent : ok les amis, pénétrons dans ce trou-là

on se fera moins tartiner d’ordures que dans les autres !

Bonne idée !

et ils y vont.


Ils pénètrent dans la cave de ladite maison et là

découvrent pourquoi il n’y a pas de flotte qui coule des égouts :

en effet la cave est remplie de bouteilles d’urine

des habitants de la maison !


Ca les fait rire

sauf que la vieille est persuadée qu’il ne s’agit pas d’urine

mais d’alcool fort

et du coup

elle s’enfile une bouteille entière, à fond, tandis que ses comparses

s’endorment

vautrés dans les bouteilles de liquide jaune.


C’est ça la fin de ta blague, papa ?

C’est nul cette blague, papa, cette blague du coprophage tartiné !

Mais oui chéri, lui dit sa femme, toujours dans le bain, défigurée, c’est nul cette blague, pourquoi racontes-tu ça ?


Evidemment que c’est nul ! crie soudain le barbu

c’est complètement nul car c’est à la mesure de votre cerveau dégénéré

ah ça m’apprendra à partir en tournée toute l’année

regardez-vous quand je reviens

vous êtes complètement pervertis !

Et il les enferme dans la cave

avec leurs milliers de bouteilles d’urine

et leur lance :


tartinez-vous bien hein !

restez bien là ! enfermés de force !

moi de mon côté je vais écrire un livre sur la question

je vais essayer de vous tirer d’affaire en justifiant vos délires

par un livre philosophique sur la question

je vous délivre

dès que j’ai fini.


Et il ouvre son laptop

s’installe tranquillement sur la toilette

se caresse la barbe

et se met au travail.

Il se met au travail et se dit :

je vais composer un livre performatif

un livre performatif expérimental dont le concept est

qu’il devra être écrit durant le temps exact qu’il me faut pour

déféquer.

Quel défi

n’est-ce pas

surtout quand on sait

quel genre de bouquin le mec en question

se met dans la tête d’écrire

samedi 13 novembre 2010

CLEMENT EN PARACHUTE (extrait) par Victor, Lucas & Antoine Boute

- Victor et Lucas, nous on part, comme Clément est né hier, on va fêter sa naissance en allant à la discothèque. Vous vous occupez de votre petit frère, ok ?
- Oui ok !
- Pas de bêtises ?
- Non non, pas de bêtises !
- Promis !?
- Promis juré craché, marché conclu !
- Vous savez comment ça fonctionne un bébé ?
- Oui oui, ça fait ouin ouin.
- Bonne réponse ! Et quand il a faim, il faut faire quoi ?
- Donner de la bouffe !
- Oui mais quel genre ?
- Du lait, et à un an de la viande.
- Ok parfait.
- Et pas de ketchup à la petite cuiller !
- Très bien les enfants !
- Et pas de ketchup à la géante cuiller non plus !
- En effet !
- Et s’il a du lait coincé dans les dents, cure-dents !
- Parfait. Vous êtes des spécialistes. Maintenant on sait qu’on peut vous faire confiance. Bye bye les amis, à bientôt, en avant, nous on part à la disco !
- thèque !
- Oui, à la discothèque.

Antoine et Ann sautent dans leur voiture par le toit, car les portes sont cassées. Victor et Lucas leur font des grands signes par la fenêtre. Clément aussi, mais on ne le voit pas parce qu’il est encore un peu trop petit, comme un petit nain ou une grosse fourmi géante.

- Maintenant ils sont assez loin, on peut faire plein de bêtises !
- T’as vu, Clément est pas plus grand qu’un caboteur.
- Qu’un quoi ?
- Qu’un caboteur.
- Un quoi ?
- Un kabouter ! Nain en Flamand quoi.
- Pfff, pas drôle…
- Mais si c’est drôle, parce que là on parle français, et moi je dis des trucs en flamand comme si c’était du français ; tu vois que c’est drôle.
- Ooh c’est nul, c’est pour les punks.
- Oui les punks ça tue tout le monde, avec leur pointe de rhinocéros sur leur tête. Ils sont nuls les punks.
- Et ils habitent au zoo.
- Oui, les rhinocéros c’est les punks du zoo.
- Je comprends que les hommes préhistoriques mangeaient les rhinocéros…
- Mais non ça se peut pas parce qu’au temps des hommes préhistoriques il n’y avait pas encore de punks, donc ils ne pouvaient pas manger du rhinocéros, ça se peut pas.
- Oui mais on va faire quoi maintenant ?
- Si on fabriquait une grande base pour nos jeux, une base avec un hôpital, une pleine de jeux, un aéroport et une piste d’atterrissage pour parachutes ?
- Oui, bonne idée ! Et juste à côté on fabrique une énorme tour, qui va jusqu’au plafond !
- Oui, presque jusqu’au plafond, avec juste un espace pour mettre un kabouter nain entre la tour et le plafond !
- Oui, et alors le nain pourra sauter en parachute de la tour jusque sur la piste d’atterrissage pour parachutes !
- Bonne idée !
- Et si on mettait Clément en haut de la tour ?
- Oui, mais on a un parachute pour nains ou pas ?
- Ben on n’a qu’à prendre un sac en plastique Carrefour !
- Ah mais oui, on l’a déjà fait avec nos Play Mobiles et ça marche !

Victor et Lucas vont chercher Clément dans sa chambre. Clément était justement occupé à s’ennuyer et à pleurer parce que ses frères n’étaient pas dans sa chambre.

- Et alors Clément, qu’est-ce qui se passe ?
- Ouin ouin !
- Tu veux dire que tu es triste ?
- Ouin ouin !
- Ah, ouin ouin, ça veut dire oui ?
- Ouin ouin !
- Ah super, maintenant on peut parler avec toi !
- Ouin ouin !
- Alors Clément, tu pleures parce que tu voudrais construire un tour avec nous ?
- Ouin ouin ouin !
- Ca veut dire « NON ! », ouin ouin ouin ?
- Ouin ouin !
- Ah, super, on se comprend bien maintenant tous les trois !
- Ouin ouin !
- Bon. Tu pleures parce que tu es triste de ne pas être avec tes deux frères ?
- Ouin ouin !
- Ok, on est là maintenant.

Clément se met alors à pleurer en chantant. Ses frères sont très contents et dansent sur la musique de Clément.

- Clément c’est une rock star, hein Victor ?
- Oui, une rock star futur parachutiste !
- Bon, Clément, on va d’abord t’apprendre à fabriquer une tour en morceaux de bois, d’accord ?
- Ouin ouin !
- Et après on t’apprendra à faire du parachute, comme ça tu pourras descendre de ta tour jusque sur la piste d’atterrissage en bois de notre base. D’accord ?
- Ouin ouin !

Victor et Lucas sortent Clément de son berceau et foncent jusqu’en bas, pour commencer les cours.

- Tu mets un bloc comme ça, un bloc de l’autre côté, un bloc sur les deux blocs, un bloc de l’autre côté sur les deux autres blocs, puis tu continue comme ça jusqu’à avoir une géante tour. Compris ?
- Ouin ouin.
- Bon, comme tu es encore un peu petit, on va t’aider à faire la tour. On va faire la tour à ta place, ok ?
- Ouin ouin.
- Mais non Victor, il faut que Clément fasse sa tour tout seul !
- Mais non Lucas, il faut qu’on l’aide sinon il n’aura jamais fini !
- Bon ok, on fait juste le premier pas, et lui il fait les cent pas qui restent.
- Ok, mais alors en échange c’est moi qui lui donne cours de parachute.
- Ok, marché conclu.

Après quelques heures ça y est, Clément arrive à faire la tour. Comme il est tout petit il a un peu de mal à mettre les pièces tout en haut de la tour, mais c’est un problème qui est vite résolu, puisque Victor fait le poirier, Lucas se met debout sur les pieds de Victor et porte Clément dans ses bras, au dessus de sa tête, pour qu’il puisse poser les blocs en haut de la tour.

Dès que la tour est terminée, Lucas dépose Clément en haut de sa tour. Pendant ce temps-là Victor fonce au Carrefour chercher plein de sacs Carrefour. Il y va en voiture pour aller plus vite. Victor n’a que neuf ans mais il sait déjà rouler en voiture puisque son papa lui a appris à le faire : c’est plus pratique, comme ça il peut aller tout seul à l’école et conduire ses frères. Quand Victor arrive au Carrefour il se rend compte que les gens du Carrefour font la grève : le Carrefour est fermé. Victor fait le tour du Carrefour pour voir s’il n’y a pas moyen de rentrer quand même. Il n’y a pas moyen mais en une fois il y a moyen car il voit une petite fenêtre ouverte avec en dessous une brique. Il se met debout sur la brique et grimpe par la fenêtre à l’intérieur du Carrefour. C’était la fenêtre de la toilette du directeur, une fenêtre par laquelle seul un enfant peut passer.

Victor se retrouve à l’intérieur d’un gigantesque Carrefour complètement vide de monde mais complètement rempli de plein de trucs chouettes. Il va au rayon des jouets et puisqu’il fait la collection de canifs avec Lucas, il prend plein de canifs, même un de 50 cm d’épaisseur, tellement qu’il y a d’outils dedans. Il prend aussi le téléphone du Carrefour pour téléphoner à Lucas :

- Allo Lucas, je suis au Carrefour, ils font la grève, tout est fermé mais j’ai réussi à rentrer. Je te prends quoi comme canif ?
- Un grand canif de 50 cm de large s’il te plaît.
- Ok celui-là je l’ai déjà pris.
- Oublie pas de mettre de l’argent à la caisse avec un petit mot !
- Mais non, je vole tout !
- Bon ok, mais met un cent à la caisse alors, comme ça on pourra pas dire que t’as volé. Ils vont croire que t’as pris que un bonbon de 1 millimètre carré.

Au Carrefour, ils vendent aussi des animaux vivants : Victor décide d’emmener avec lui des tortues, trois chats, un rat, des poissons-chats, des brochets, des crabes, des perroquets et des perruches. Victor prend également une canne à pèche et des arcs à flèche.

Victor fait passer tout ça à travers la petite fenêtre de la toilette du directeur, pile à ce moment-là l’alarme du magasin se met en route, Victor embarque tout en vitesse dans la voiture et fonce vers la maison. Sur le chemin du retour il croise une kermesse qui est fermée. Il entre dans une des camionnettes, et là il voit que c’est la camionnette des fusils à plombs. Par terre il y a le monsieur qui s’occupe normalement de l’attraction. Il est mort, il a été tué exprès par quelqu’un qui jouait avec une des carabines, parce qu’il avait été méchant, il n’avait pas donné de chouettes cadeaux à la fin de la partie. Victor décide de prendre trois fusils, un pour lui, un pour Lucas et un pour Clément. Evidemment il prend toutes les réserves de plomb puis il dégage. « C’est trop méchant mais bon, c’est la vie… » se dit Victor en remontant dans la voiture.

Victor continue sa route mais pas pour longtemps : il entend des sirènes de policier arriver de loin, gare vite sa voiture sur le côté et pour ne pas être vu il se cache sous le volant. Les policiers passent devant lui, il se relève, les regarde et voit qu’ils s’arrêtent au Carrefour. Ouf !

A la maison, Clément et Lucas sont très contents avec tous les cadeaux et les sacs Carrefour, Victor allume la radio et entend : « de dangereux bandits ont volé plein de canifs au Carrefour, et ils n’ont payé que 1 cent pour le tout. Les policiers s’occupent de les retrouver. » Tout le monde rigole bien et ils décident de fabriquer enfin le parachute pour Clément.

- Tu sais comment ça marche toi Victor, de fabriquer un parachute ?
- Evidemment, je suis pas con !
- Hé ben moi aussi je sais !
- Ok, comment alors ?
- Ben tu prends un sac Carrefour, tu mets beaucoup de cordes et t’attaches le tout à Clément. Et tu mets des freins. Et des trucs pour tourner. Et un moteur. Enfin non, ça c’est une blague, pas de moteur.
- Mmmh, c’est très bien expliqué Monsieur Lucas qui sait tout !
- Explique toi alors !
- Tu prends un sac Carrefour. Quand tu as un sac Carrefour tu accroches une corde à chaque truc pour tenir le sac. Après tu accroches plein de cordes sur le bord, et après, quand tu as mis toutes les cordes, tu les accroches aux deux cordes qui sont accrochées aux trucs pour tenir le sac. Les deux cordes, tu les accroches à Clément. Voilà comment on fabrique un parachute pour nains-kabouters.
- Super explication, rien qu’en t’écoutant j’ai déjà tout fabriqué. Amène-moi Clément, on l’attache tout de suite !


Victor et Lucas attachent Clément au parachute et font un petit test pour voir si ça fonctionne. Il font tomber Clément du fauteuil, le parachute se gonfle, pas de problème, Clément atterrit par terre tout en douceur…

- Lucas, tu ne trouves pas qu’il fait chaud ?
- Bouge pas, j’ouvre la porte du jardin !
- Ok. Moi pendant ce temps-là je fais le poirier et je t’attends à côté de la tour.
- Pourquoi ?
- Hé bien parce que c’est comme ça qu’on va mettre Clément en haut de la tour ! Tu prends Clément dans tes bras, tu montes sur mes pieds, tu portes Clément au dessus de ta tête et tu le déposes au-dessus de la tour !
- Ok c’est bon j’arrive !

Lucas va ouvrir la porte du jardin, fonce prendre Clément avec son parachute puis saute sur les pieds de Victor.

- Hé doucement Lucas, tu vas presque renverser la tour !
- T’inquiète j’assure !
- Installe Clément confortablement !
- Oui bien sûr, j’ai pensé à prendre un coussin dans ma poche.

Lucas saute par terre, Victor se remet sur ses jambes et Clément est confortablement installé en haut de la tour. Tellement confortablement installé qu’il s’endort après une minute, même pas une minute. Ses deux grands frères ne sont pas au courant qu’il s’est endormi et voudraient bien le voir atterrir dans le salon avec son parachute.

- Hé Clément ! Tu sautes ?
- Oui Clément, quand est-ce que tu sautes ?
- C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
- T’as peur ou quoi ? Faut quand même pas appeler les pompiers ?
- T’es pas un bébé poule mouillée quand même, ou bien je me trompe ?
- Hé Lucas, chhuuttt !
- Quoi ?
- Ecoute ! Clément est tellement bien installé qu’il s’est endormi ! Comment est-ce qu’on va le faire sauter de là ?

Juste à ce moment-là Sparrow, le chat de la famille qui est une réincarnation du pirate Jack Sparrow passe par là et se frotte à la tour pour se faire caresser. La tour s’écroule, en moins d’un quart de seconde tout est par terre et Clément se retrouve à flotter dans l’air avec son parachute.

- Bravo ! Bravo ! Lucas, t’as vu, Clément a réussi ! Il flotte dans l’air ! Il va bientôt atterrir dans le salon !
- Hé mais Victor regarde ! Clément s’est réveillé ! Il tire aux cordes ! Ca fait avancer le parachute vers la porte du jardin !
- Va vite fermer la porte, Lucas, pour qu’il ne s’envole pas vers le jardin !
- Oui oui pas de panique, j’y vais !

Lucas court vers la porte, Clément continue de gesticuler, tout excité et tout fier puisqu’il vole… Malheureusement la porte coulissante qui donne sur le jardin est très difficile à fermer parce qu’elle est trop lourde.

- Victor, viens vite m’aider à fermer la porte, je n’y arrive pas tout seul !
- Euh non, j’ai changé d’avis : si on ferme la porte avant qu’il arrive, Clément va être assommé puisqu’il va se cogner contre la vitre ! Et si on la ferme juste au moment où il passe, il se fera écraser ! On oublie ce plan, Lucas, laissons-le atterrir calmement dans le jardin !
- Non ! Peut-être qu’il va faire le tour du monde alors !
- T’es fou ou quoi ?
- Non, je sais lire dans le futur !
- Ah bon ?
- Non allez c’est une blague, je suis d’accord de le faire atterrir dans le jardin.

Effectivement, Clément se dirige vers la porte puis la franchit. Il est tout content de découvrir le jardin, car puisqu’il vient de naître, il ne le connaissait pas encore. Son troisième mot (après ouin et ouin ouin) c’est wahouu !

- Où est-ce qu’il va atterrir, Victor ? En Espagne, en Hollande ?
- Mais non hein, en Afrique !
- Haha très drôle… Mais tu crois pas qu’il est temps de lui préparer une bonne piste d’atterrissage maintenant ?
- Viens Lucas, on va vite chercher le trampoline des voisins, ce sera une bonne piste d’atterrissage !

Pendant que Clément continue de flotter dans le ciel, ses frères foncent chercher le trampoline des voisins. Ils le placent juste à temps sous Clément, qui était justement en train d’atterrir.

- Enfin il va atterrir !
- Aïe catastrophe ! Il rebondit !
- J’ai une idée ! Je vais prendre mon fusil à plombs, pour faire un trou dans le parachute ! Comme ça il va descendre.
- Non, prends plutôt ton arc à flèches !

Victor court à la vitesse de l’éclair chercher son arc à flèches pendant que Lucas surveille Clément attentivement.

- Voilà, ça y est, j’ai tout mon matériel !
- Vise bien hein, Victor !
- Ho ho, j’ai peur de toucher Clément moi… Tiens, vise toi, plutôt !
- Ok, je vais essayer.
- Mais alors si c’est toi qui tires, prends ton arc à flèches à toi et tes flèches, parce que si tu rates ton coup j’ai pas envie que tu perdes mes flèches !
- En tout cas si c’est moi qui tire je ne prends pas ma meilleure flèche ! Je n’ai pas envie de la perdre !
- Si, prends-là, comme ça tu pourras mieux viser !
- Bon alors je suis d’accord de prendre ma deuxième meilleure flèche, celle avec des plumes de vautour !
- Ah bon ? Et ta première meilleure flèche elle est avec des plumes de quoi alors ?
- Hé bien avec des plumes d’aigles tiens, gros malin. Et toi, ta première meilleure flèche elle est en plume de quoi alors ?
- Euh, en plume de poule…
- Hé bien alors on n’a qu’à prendre tes flèches, car elles sont moins précieuses !
- Oui mais ce ne sont pas les plumes qui comptent, c’est la flèche !
- Ah bon ?
- Ben oui, une bonne flèche c’est une flèche qui va bien loin et tout, une flèche avec laquelle on arrive à bien viser parce qu’elle est bien droite, bien taillée, pas trop lourde, pas trop légère… Et la mienne c’est tout à fait ça. Donc on va plutôt prendre la tienne, d’accord Lucas ? Puisque la tienne elle est quand même moins précieuse que la mienne hein ?
- Mais non parce que la mienne elle est en bambou, donc elle est bien mieux !
- Ah ben alors parfait, si la tienne c’est la meilleure, on va l’utiliser, parce qu’avec celle-là on sera sûrs qu’on ne touchera pas Clément !
- Bon allez, c’est ok.
- Dis Lucas, tu sais où est Clément ?
- Oops non, je ne le vois nulle part ! On a trop discuté ! Il a disparu ! Papa et maman vont être fâchés ! Il faut prendre la voiture et aller le chercher !
- Ok, mais il faut d’abord mettre le trampoline sur le toit de la voiture, pour faire une bonne piste d’atterrissage !

Ils portent le trampoline jusque sur le toit de la voiture et Victor l’attache solidement avec une grosse corde et du papier collant super solide.

- Tu viens Lucas ? En route !
- Non attends ! Je vais d’abord chercher mon canif !
- Pourquoi ?
- Hé bien pour couper les cordes du parachute de Clément tiens !
- Pourquoi ?
- Ben pour qu’il arrête de s’envoler tiens, après avoir rebondi sur le trampoline !
- Oui mais comment tu vas arriver jusqu’à Clément ?
- Attends je réfléchis… Ah oui je sais ! Je vais me fabriquer un parachute ! Et je vais avancer en pédalant avec des palmes !
- Ok ! Je t’aide vite à fabriquer un grand parachute, heureusement j’ai pris plein de sacs plastique, ça va sûrement marcher !

Ils se dépêchent de fabriquer le parachute, en quadruple vitesse. Lucas prend vite ses palmes puis ils grimpent sur le toit de la maison pour le décollage. Lucas accroche une longue corde à sa ceinture, dont l’autre bout est accroché à la voiture. Victor démarre, Lucas s’envole avec son parachute comme un cerf-volant accroché à la voiture, tout va bien. Ils circulent comme ça pendant un bon moment dans le quartier, et discutent entre eux avec des talkies-walkies qu’ils avaient trouvés dans un container.

- Victor, Victor ! Je le vois ! Va à gauche !
- Ok, à partir de maintenant tu me guides !
- Il est au dessus de la place du village !
- Aïe, je vais écraser tout le monde si j’y vais avec la voiture !
- Ok pas de problèmes, je vais couper la corde de la voiture avec mon canif et continuer à avancer avec mes palmes !

Sur la place du village tout le monde regarde en l’air, très impressionné par les manœuvres de Lucas. Les gens disent que c’est incroyable, que Victor et Lucas sont les premiers du monde à avoir fabriqué un parachute avec des sacs plastique. Les policiers appellent les meilleurs journalistes du monde pour qu’ils viennent voir ça. Quelques temps plus tard les meilleurs journalistes du monde arrivent, en limousine, mais Victor et Lucas ne sont pas très contents : ils ont peur d’avoir des ennuis avec leurs parents. S’ils voient à la télé que Clément vole en parachute au-dessus de la place du village, ils vont sûrement trouver qu’ils se sont mal occupés de leur petit frère… Du coup Lucas crie à la foule, depuis son parachute : « pas de photos, pas de films, sinon mon frère vous tue avec mon canif ! Tiens Victor, attrape mon arme ! » Les journalistes n’ont pas très peur de ce que leur raconte Lucas. Ils prennent tout de même des photos, ce qui fait s’énerver Victor. Il troue les pneus des limousines des journalistes, remonte dans la voiture et relance le canif à Lucas. Comme ils ont battu le record du monde de fabrication de parachutes en sacs plastique, les policiers ne sont pas fâchés et les laissent faire.

- Hé Lucas ! Tu sais où est Clément ?
- Non, je ne sais pas ! Il y a beaucoup de vent ici, il doit déjà être loin !
- J’ai une idée ! Je sais comment retrouver Clément !
- Ah bon ?
- Il suffit de suivre la direction du vent, puisque Clément est emporté par le vent ! Si on sait où va le vent, on sait où va Clément !
- Ca rime en plus !
- En route !

Le vent souffle vers le Nord-Est. Victor prend une carte de la Belgique et décide de la route à prendre. Il lance la corde de la voiture à Lucas – qui, grâce à ses palmes, était resté sur place – Lucas rattache la corde à sa ceinture et ils partent vers le Nord-Est.

vendredi 12 novembre 2010

LA PROCRASTINATION (conférence pour le film Tomorrow de Martine Doyen)

La procrastination je n’y connais rien, je sais juste que c’est remettre à plus tard des choses qu’il faudrait qu’on fasse tout de suite. Mais déjà ça je crois que ça suffit pour réfléchir à certaines choses :
1/ Il s’agit d’un phénomène ou problème de luxe, peut-être : peut-être que ce à quoi la procrastination touche, ça ne peut être que ce qui se place au-delà du stade de la survie. peut-être qu’on ne procrastine pas avec du vital : sinon ce serait du suicide ou du meurtre, ce qui est tout de même autre chose ; non, la procrastination c’est moins sérieux, c’est plus léger. En termes géopolitiques on pourrait dire que la procrastination est un phénomène qui ne peut avoir lieu que sur les parties de la planète où il est économiquement possible de procrastiner.
2/ ce qui par ailleurs me paraît intéressant, c’est que la procrastination entretient un lien étroit avec le « falloir » : remettre à plus ce qu’il « faut que je fasse » maintenant : du coup la procrastination serait une sorte de rire suicidaire, un rire suicidaire pas du tout drôle qui met la vie de celui qui procrastine en décalage par rapport à ses obligations non strictement vitales. Sans rien connaître à la psychologie de la procrastination on pourrait se dire je crois que la procrastination pourrait mener jusqu’à une sorte de suicide social. En effet si on pousse la logique de la procrastination jusqu’au bout, hé bien on peut y englober toutes les actions qui ne font pas partie de la vie en tant qu’organique ou biologique. Toutes ces actions sont évidemment tjrs déjà imprégnées de culture humaine, ce qui fait donc de la procrastination une sorte de rire souverain par lequel le procrastinateur se mettrait radicalement/souverainement en décalage par rapport à la société.
3/ 3ième chose qui me paraît intéressante, c’est que cette rupture à la fois radicale, souveraine par rapport au social se joue dans une sorte de rire tragique et suicidaire, et donc pas du tout drôle. La secousse par laquelle le procrastinateur se détache de tout le tissu des obligations sociales tient inévitablement du rire en tant que le détachement, sous quelque forme que ce soit, forme une des conditions du rire, ensemble avec un engagement du corps précisément dans la gratuité de l’excès par rapport à l’obligatoire. Le procrastinateur rit (rit mais sans rire) par le fait qu’il fait glisser son corps et son existence en dehors de l’obligatoire. Ce rire calme, tranquille, déprimé, pas du tout drôle m’intéresse en ce qu’il peut emmener la vie dans une passivité telle qu’elle en viendrait à toucher la mort. Toucher la mort c’est-à-dire la toucher mais pas complètement évidemment, sinon on n’est plus dans la proc mais dans le suicide, ce qui n’est pas le sujet. La procrastination touche à la mort mais sans y toucher, elle touche à la mort mais avec tact, en somme.
4/ Quatrième point qui m’intéresse dans la procrastination : c’est le rapport au temps que cela implique. Le fait de toujours remettre à plus tard des obligations implique bien sûr une distension du temps, un étirement progressif de celui-ci jusqu’à le faire basculer complètement du temps social au temps biologique. La procrastination devient donc une sorte de méditation négative (peut-être comme on parle de théologie négative), c’est-à-dire atteindre ce qu’on voudrait atteindre en faisant le contraire de ce qu’il faut faire pour y atteindre. Sauf qu’ici le procrastinateur n’est même pas conscient de ce qu’il veut atteindre ; or qu’atteint-il, qu’il le veuille ou non ? Ce qu’il atteint, c’est une dilatation telle du temps (à force de ne rien faire) que celui-ci se met à se confondre avec l’espace. Quel espace ? Hé bien l’espace, tant interne qu’externe, de son corps mais également du lieu dans lequel ce corps vit ou survit ou est posé. Cet espace-là sera alors à l’extrême un espace en déconnexion totale avec ce qu’est un espace socialement construit, mais sera au contraire un espace complètement ergonomique à la procrastination : un espace désastreux, « désastreux » donc qui tient du désastre, donc hors du système des astres, hors du système cosmique, logique, signifiant, un espace pour la chute hors de tout ça, un espace pour le déchet du sens et du cosmos qu’est le procrastinateur. Le procrastinateur, à la limite, c’est la poubelle du cosmos, en quelque sorte, pourrait-on dire. Le procrastinateur, c’est celui qui, depuis la poubelle de son corps, depuis son corps-poubelle, contemple, envie et fantasme la perfection mentale du cosmos : remettre les obligations à plus tard dans le temps revient, par cet étirement du temps à même son propre corps, à faire se toucher deux extrêmes : le désastre de la déchéance ordurière et la perfection cosmique, la chute hors du sens et du monde et la structure parfaitement rythmée des lois naturelles qui font du réel quelque chose qui tient debout. La procrastination, du coup, ce serait une sorte d’art du toucher : l’art de faire se toucher le chaos ordurier et informe et la plénitude accomplie de l’existence du réel. Le procrastinateur est un artiste-performeur de la passivité maximale, révolutionnaire et tragique qui mène à un en-deçà de la nuit du chaos, à une sorte de créativité à la fois complètement originaire puisque purifiée de toute imposition parasite de sens et à la fois complètement ordurière, puisque ne pouvant se réaliser qu’à partir de morceaux de chaos.

SAC PLASTIQUE 100% ROUSSEAUISTE

Là ça y est, je suis parti là, je suis en route avec toute mon équipe de collaborateurs triés sur le volet, on est tous en route pour le tournage expérimental de notre prochain film qui traite du rapport de l’homme à la nature. C’est un film pour lequel – attention – j’ai obtenu de tous gros budgets, ce qui est assez rigolo vu l’idée de départ, mais bon voilà, ça y est, on est partis. On est partis là, on est en route, tous ensemble et je dois dire que dans l’équipe ça spécule déjà bien sur le grand enjeu général mégalomaniaque de notre film. Grand enjeu général mégalomaniaque qui est, tout bonnement, tout naturellement, l’enjeu en même temps le plus mégalomaniaque et le plus nécessaire qu’on puisse imaginer à notre stade d’avancement de l’humanité : sauver la planète en faisant de l’art contemporain tout public. Voilà, tout simplement et pour faire court, l’enjeu de mon nouveau film, l’enjeu de mon nouveau film-expédition qu’en ce moment même je suis occupé à réaliser avec toute cette équipe de collaborateurs triés sur le volet qui m’accompagne.

On est là et on rame en fait, c’est ça la première scène du film : on voit des gens ramer, tout simplement, tout bonnement, dans des bateaux gonflables, sur l’océan.

Evidemment dans le film c’est hyper mégalo puisque la scène est filmée de façon je dois dire hyper expérimentale, hyper expérimentale puisque le but est de faire participer la multiplicité toujours croissante de déchets et de traces que l’humanité laisse derrière elle, au tournage du film.

C’est une sorte de fétichisme mégalo, ce autour de quoi tourne notre film. On s’est dit comme ça : soyons mégalo, sauvons l’humanité, sauvons l’humanité de ses déchets, sauvons l’humanité de ses déchets par ses déchets. Comme chacun sait, la chance est dans le danger, se dit-on comme ça, ici, occupés à spéculer en ramant à bord de nos bateaux gonflables.

On se dit : notre projet de sauvetage doit relever de l’acte, du passage à l’acte, on est dans la logique de l’action nous, ici, avec nos budgets colossaux, occupés à ramer en plein dans l’océan Pacifique. On est dans l’acte d’ériger le déchet en héros du sauvetage de la planète. On est des artistes bios écolos mégalos hyper exigeants mais un poil niaiseux, et on croit en notre projet. Point barre.

Tout ceci est hyper mégalo évidemment puisqu’il faut savoir que nous travaillons en connexion directe avec le cosmos, on est en connexion permanente avec un satellite en fait, qui a fait déjà pas mal de boulot à notre place je dois dire, pas mal de boulot préparatoire au film, puisque ce satellite est en connexion permanente avec une puce introduite dans un déchet quelconque, choisi au hasard, déchet choisi au hasard qui a été érigé pour nos raisons artistiques en héros de l’histoire.

Et là, dans le film, dans le film après avoir vu comme ça une bande de gens ramener avec le soleil en plein cagnard dans l’océan Pacifique, hé bien soudain : paf ! – changement de scène.

On se retrouve sur le parking d’un Super U, à Béthune. Scène très belle puisqu’il y a clair de lune, clair de lune et sac plastique. Tout de suite dans le film on se rend compte que c’est ce déchet-là, ce sac plastique, qui va devenir le personnage principal de l’action du film. Tout simplement, ce qui évidemment donne au film une touche expérimentale. On voit comme ça ce sac bouger, danser élégamment dans le vent, c’est très poétique. En même temps c’est pas mal glauque aussi, puisqu’il s’agit d’un parking de super U, la nuit. C’est glauque, il ne se passe rien d’autre que ce sac plastique qui se gonfle poétiquement dans le vent. Béthune. La seule chose qu’on comprend, c’est que durant sans doute une bonne partie du film, hé bien on va se taper ce sac plastique comme héros principal de l’histoire. Brrr. Chiant.

Chiant mais en même temps c’est ce sac, on l’aura compris, qui nous conduit, moi et mon équipe, en bateau gonflable au milieu de l’océan Pacifique. Ce qu’on fait là, occupés à ramer, c’est retrouver la trace de ce sac, relié par satellite à nos machines GPS. On rame pour retrouver le héros de notre histoire, occupé à flotter, lentement mais sûrement, en direction du grand rassemblement de sacs plastiques découvert récemment au carrefour des courants de l’océan Pacifique, grand rassemblement de sacs plastiques dont la surface est aussi grande que celle du Texas. Check google, c’est vrai.

Mégalo n’est-ce pas, que de se mettre en route vers la Mecque des sacs plastique avec une armada de bateaux gonflables, à la recherche du sac plastique héros de l’histoire ?

D’autant plus mégalo qu’évidemment pour obtenir ces budgets colossaux pour notre film il fallait bien qu’il se passe des trucs un peu juteux, dedans. C’est là qu’on a décidé de se la jouer tout public. On s’est dit : pour être tout public, interrogeons le public. « Si je vous dis sac plastique, vous pensez à quoi ? » - « à une tête géante d’un enfant sortant du sol », nous répond une femme très belle, le lendemain matin, sur le parking du Super U, devant le mur du dit Super U enduit de crépi sous une grèle suintante. Et elle nous explique tout un truc pas possible, d’une violence gratuite et absurde, mais exigée par quelqu’un de vraiment tout public.

C’est triste à dire mais voilà : on a tourné la scène de torture en question exigée par cette femme très belle sur le parking, un poil sadique sur les bords. On a fait une scène assez réaliste dans laquelle on voit ce parking de supermarché, en travaux, avec des bétonneuses etc, la nuit, au clair de lune. Une bande de salauds passe, ricane à la vue de la scène. On se demande pourquoi. Brrr. Ils longent les maisons autour du parking avec leurs tablettes de fenêtre bien décorées, genre statuette de berger et bergère à moitié nus par exemple, en porcelaine par exemple, ce qui a le don de faire ricaner la bande de salauds encore plus. Là, la femme légèrement sadique sur les bords interrogée sur le parking du Super U, et grâce à laquelle on est occupés à construire un film vraiment tout public, hé bien a exigé qu’on fasse gueuler à cette bande de crapules, comme ça dans la nuit : “faut donner de l’air à ces habitants !” et : “Ho, faut que ça respire, là-dedans!” Sur quoi ils défoncent une de ces fenêtres, genre celle avec lesdits berger et bergère – sans doute parce que c’est celle qui leur semble la plus sexuelle, qui sait? – pénètrent dans la maison (on sent la tension monter dans le public, n’est-ce pas?) puis ouvrent toutes les portes de toutes les chambres, pour aérer. Bang, comme par hasard ils découvrent un enfant occupé à dormir, le kidnappent sans autre forme de procès et se retrouvent vite fait bien fait, toujours occupés à ricaner, sur le parking du Super U de Béthune, toujours en pleine nuit. Le parking est toujours en travaux, et toujours selon les indications de cette belle femme à hauts talons un poil perverse interrogée sur ce même parking, hé bien ils ont l’idée atroce de couler une chape de béton et de plonger l’enfant dedans… Evidemment comme la scène est filmée depuis le point de vue du sac plastique ça fait une tête géante, exactement comme la femme perverse en question le souhaitait. Dans l’histoire l’enfant se met à gueuler évidemment, on ne voit que sa tête qui dépasse du béton, l’enfant gueule, les voyous se marrent puis détallent comme des lapins car ils entendent du bruit.

Il y a du bruit, c’est le bruit du vent en fait, l’enfant gueule, le vent arrive et pousse le sac plastique dans la bouche ouverte de la jeune victime. C’est très poétique même si extrêmement pathétique également, car ces mouvements dudit sac plastique sont vraiment grâcieux, et pour les besoins dudit film tout public, nous avons choisi un enfant très très beau évidemment.

La suite du film se passe le lendemain matin quand toute une équipe de pompiers s’échine à extraire le corps de l’enfant de la plaque sèche de béton. Là encore, ultra-poétique comme scène, puisqu’on voit hyper dans le détail et très lentement le corps de l’enfant apparaître d’entre le béton, c’est vraiment comme l’épanouissement d’une fleur image par image dans un film. Très chic tout ça.

La victime avait avalé le sac plastique évidemment, via la puce-caméra introduite dans les mollécules du sac on peut suivre attentivement la digestion impossible dudit sac, ce qui donne des scènes assez expérimentales je dois dire, dans le film, puisqu’on voit l’enfant mais de l’intérieur. Brrr…

Mais enfin toujours est-il que le temps passe, l’enfant termine sa digestion impossible et dans d’atroces souffrances finit par accoucher du sac plastique. Evidemment ceci est un moment charnière de l’histoire du sac plastique, on s’en doute, puisque la victime ne veut plus en entendre parler et s’en débarrasse.

Toilette, égouts, rivière, mer du Nord, océan, le tout est filmé depuis le point de vue du sac plastique, qui vit plein d’aventures pas mal intéressantes. Et nous, comme des cons, avec nos gros budgets en poche, on rame dans le Pacifique à la recherche du héros de l’histoire, bientôt arrivé à la Mecque des sacs plastique.

Il est temps d’introduire les gens de l’équipe, maintenant, maintenant qu’on arrive à la Mecque du plastique. J’ai choisi pour le tournage de ce film des coéquipiers vraiment triés sur le volet, des gens qui pour des questions poétiques, philosophiques et politiques évidentes ne sont en fait pas des humains, pas des humains mais des singes. Gros plan sur eux, on voit ce groupe de singes dans un moment de repos (après le repas), filmé comme dans un film animalier. Ils rament doucement, lentement, c’est l’été, il fait beau, on est en mer. Tout va bien pour nous. On approche, ils sont sympa, contents, bientôt la Mecque. Ils digèrent lentement les graines de plantes et d’arbres que je leur donne à manger depuis des jours.

L’idée de ce film expérimental mégalo est toute simple, toute logique, toute politique, philosophique et poétique : on va construire une installation rousseauiste géante de retour à la nature. Haha ! Pas mal, n’est-ce pas, pour séduire le grand public? Une personne interrogée sur le parking du Super U disait : “la campagne en général, sauver la campagne, la nature, les forêts, planter des forêts, semer des graines, c’est ça être tout public aujourd’hui”.

Hé bien nous ici on croit en ça : on se dit : ok, soyons rousseauiste, la nature, il n’y a que ça de vrai. Approprions-nous cette immense flaque de sacs plastique faite de déchets flottant sur l’océan, approprions-nous ça et expérimentons un come back total à la nature là-dessus. Rien de plus tout public, tout le monde va chialer en voyant ça, cette compagnie immense de singes être larguée sur ce pays-sac plastique.

Et voilà, fin du film puisque lentement le public se rend compte que question bateaux gonflables flottant sur l’océan, il y en a en fait à perte de vue, c’est un peuple entier de singes et de bateaux gonflables que j’envoie au casse-pipe, avec dans chaque bateau des sacs de terre, de terreau et de sable en toutes grosses quantités. Hop on arrive à la terre promise du plastique, les singes, bien dressés grâce aux budgets collossaux dégagés pour l’occasion lancent la terre sur les sacs pour rendre le tout comparable à un pays et hop se mettent à vivoter là-dessus, défèquent les graines de plantes et d’arbres que je leur avais donné à manger, meurent, se nourrissent de cadavres, de terre et de plastique, les arbustres poussent doucement, et dans dix ans plus ou moins on aura un film pas mal, un film inhérent à la construction d’un pays-forêt entièrement flottant à base de sacs plastique, filmé 100% depuis le point de vue de nos amis les sacs plastique.

vendredi 29 octobre 2010

le glauque

http://fr.wikipedia.org/wiki/Glauque

jeudi 28 octobre 2010

Phase 3 à Mons (www.projetphase3.com)

Phase 3 | Mons from Sébastien Rien on Vimeo.

experimental football (pour une bd de Stéphane De Groef)

Voilà là je bosse sur un projet artistique super pertinent

un truc vraiment grandiloquent

un truc quand tu vois ça tu te dis : purée mais ce projet artistique est vraiment hyper pertinent, hyper proche de plein de problématiques humaines super essentielles !

en effet ce qui se passe c’est qu’en ce moment je bosse sur un projet de philosophie expérimentale du football

un projet artistique que j’ai créé en collaboration avec les organisateurs d’un match de foot ultra important

une sorte d’œuvre d’art collective d’un nouveau genre

une œuvre d’art qui se sert de la scénographie particulière qu’est celle d’un match de foot de grande envergure

une œuvre d’art qui se passe donc in situ, dans un stade

dans un stade où on voit le public affluer pour venir voir un terrible match de foot

le public afflue

se masse sur les gradins

au moment où le public a accès aux gradins c’est le début de l’œuvre d’art d’ailleurs

c’est une œuvre d’art qui met des plombes à se réaliser puisque

manque de pot pour le public

hé bien les joueurs prennent un temps immense à arriver

l’attente dure des plombes

une fine pluie tombe sur la foule et sur l’herbe

et là c’est très intéressant puisque

le public venu spécifiquement voir mon œuvre d’art

et qui est disséminé dans le public des supporters du match

hé bien ce public amateur d’art a été mis au courant à l’avance

du fait qu’il s’agit en fait d’une œuvre d’art qui questionne la question de l’attente

j’avais écrit ça sur le carton d’invitation

avec quelques notions philosophiques à ce propos

philosophiques mais également théologiques

puisque la question de l’attente du retour de Jésus sur terre est évidemment une problématique théologique majeure

or donc voilà les gens du public amateurs d’art avertis

ils attendent comme tout le monde le début du match

début du match qui ne vient pas

les heures passent

la fine pluie continue de tomber

ce qui est très poétique quand on la regarde passer devant les lumières puissantes

or la foule des supporters ne cache pas son mécontentement

personne ne sait ce qui se passe

les supporters deviennent nerveux

ça hurle dans tous les sens

et là évidemment, naturellement, les amateurs d’arts tentent

tant bien que mal d’expliquer à leurs voisins

qu’il s’agit d’une œuvre conceptuelle sur la question de l’attente

ils tentent d’expliquer du mieux qu’ils peuvent grâce aux textes de l’invitation

qu’entre temps ils ont eu le temps de potasser

la pertinence du flottement temporel propre à ce moment d’attente

mais rien n’y fait

la plupart des supporters ne veulent rien entendre

à part quelques femmes

quelques femmes présentes là par amour pour leur mec amateur de foot

mais qui n’en ont en fait rien à branler du match

et qui

pour certaines d’entre elles

malgré ou grâce à cette pluie fine qui donne un lustre particulier aux visages

s’amourachent de l’un ou l’autre amateur d’art venu lui expliquer

le sens caché de la situation qu’ils sont occupés à vivre en ce moment…


Voilà voilà

l’attente s’éternise

la tension monte

l’humidité gagne du terrain

certains n’hésitent pas à aller s’acheter un hot dog

d’autres sont déjà passablement saouls

d’autres encore secouent les tribunes

tentent de tout casser etc

tandis que

nos amis amateurs d’art, eux

tentent de calmer le jeu avec leurs explications.


Toujours est-il qu’à un moment donné

toute la foule des supporters

hurle comme un seul homme car

les joueurs entrent en scène.


Mais problème car

ces hommes, plutôt que de se mettre à jouer au foot comme prévu

se précipitent sur les gradins

pour demander aux gens du public

qui préalablement avaient été chercher des hot dogs

si par hasard ils comptaient tout manger

si par hasard il n’y avait pas moyen de mordre un bout.


Et c’est là, à ce moment-là

tandis que les 22 joueurs sont là, dans les tribunes, occupés à manger des hot dogs

que les gens du public se rendent compte petit à petit

en les questionnant

qu’en fait ils ne sont pas les joueurs des deux équipes attendues pour faire le match.


En effet ce que j’ai prévu comme astuce dans mon œuvre d’art expérimentale

c’est de philosopher en acte sur la question de la monnaie humaine

de la monnaie humaine en tant que moyen de raccourcir l’attente eschatologique d’un monde meilleur

puisque voilà

j’ai en fait embauché pour cette œuvre d’art

des prédicateurs

spécialisés dans la conversion éclair aux valeurs primitives du Christianisme

je les ai embauchés pour qu’ils aillent prêcher dans les vestiaires du match

et convertissent illico presto l’ensemble des joueurs

ce qui n’a pas été une mince affaire mais finalement a marché

finalement ça a marché et l’ensemble des joueurs s’est retrouvé là

à se demander ce qu’ils foutaient là à gagner de l’or à la pelle alors que

par exemple en République Démocratique du Congo, toutes les minutes quelqu’un meurt de faim.


Ils se retrouvent là à méditer cela

c’est véritablement une grande tension qui s’installe dans les vestiaires

visible à l’œil nu par quelques amateurs d’art VIP qui ont payé un ticket spécial pour assister à cette scène

une grande tension qui se résout par une décision collective : non, nous n’irons pas jouer

ce monde est trop injuste

nous ne voulons plus participer à cette mascarade.


Ils discutent entre eux, tiennent un conciliabule dans les vestiaires

et prononcent des paroles extrêmement touchantes.

Dehors la foule hurle, trempée

et demande à voir du jeu.


Du coup ils se disent, avec beaucoup d’humour :

hé bien avec notre salaire mirobolant, payons des sans-papiers tiens

pour aller jouer le match à notre place !


Hop ni une ni deux quelques volontaires s’en vont chercher des sans-papiers

qui arrivent bientôt, affamés d’ailleurs, entre parenthèses

et montent sur le terrain

avec les conséquences que l’on sait.


Or ce qui est marrant c’est qu’entre temps

pendant ce long long temps durant lequel les gens du public attendent l’événement du match

hé bien aux vestiaires des décisions drastiques sont prises :

les joueurs décident de mettre en commun tous leurs salaires

d’affréter un jet privé direction le Congo

pour remplir celui-ci de candidats à l’émigration clandestine.


Les heures passent

le public est exaspéré, liquéfié

les amateurs d’art essayent de prêcher la bonne nouvelle de l’attente comme questionnement artistique pertinent mais

les supporters se trouvent excédés par le jeu minable des sans-papiers sur le terrain

payés pour remplacer les stars du foot reconverties.


Plusieurs heures après

les joueurs convertis se pointent finalement sur le terrain

et expliquent, sans que personne n’entende quoi que ce soit, à cause du bruit

que des migrants arrivent du Congo par avions entiers ici même dans le stade

et qu’ils prient les supporters de bien vouloir leur réserver bon accueil.


Boum les migrants arrivent

sur le terrain

personne ne comprend rien

ni eux ni les supporters

ni d’ailleurs les sans-papiers embauchés

c’est vraiment le chaos général

une sorte d’apocalypse faite de corps humains

ce qui

évidemment

pose toute une série de questions philosophiques très pertinentes

tellement pertinentes en fait

qu’il nous faudra plusieurs jours

pour en venir à bout.

mercredi 27 octobre 2010

préface de Brrr! Polars Expérimentaux - par Charles Pennequin

Antoine Boute raconte des histoires, ses histoires c'est des polars, des polars qu'il est en train d'écrire et on dirait qu'Antoine Boute est en train de marcher dans la rue, ça se passe dans un livre mais c'est comme si c'était dans la rue et dans cette rue Antoine Boute rencontre quelqu'un qui (et c'est là que ça devient super glauque et trash et tout ça) est une sorte de lecteur assoiffé de trucs lisibles mais qui en même temps est obnubilé par des histoires toutes faites alors qu'Antoine Boute veut lui montrer que l'histoire qu'il raconte est en train de se faire, seulement en train d'exister sous les yeux du lecteur, c'est-à-dire que l'écriture du roman, ou plus exactement du polar, est en train de se réaliser sous ses yeux et qu'il va falloir ne pas avoir peur des ratures dans le texte, parce qu'à un moment donné il va falloir repréciser des choses, qui se sont passées avant et qu'on a oubliées de dire, ou qu'il va sans doute se produire des trucs super bizarres et qu'il vaut mieux prévenir un peu ce type qu'on croise dans une rue. Car en fait, Antoine Boute raconte vraiment des histoires comme s'il devait les faire apprendre à d'autres pour qu'ils les racontent à leur tour. C'est un peu comme dans les mille et une nuits. Dans les mille et une nuit par exemple il y a quelqu'un qui vit une expérience super éprouvante, c'est-à-dire qu'il doit mourir sauf s'il raconte une belle histoire, et dans cette histoire il rencontre quelqu'un, dans une rue, avec qui il engage la conversation et à qui il doit répéter son histoire dans laquelle il y a quelqu'un qui à son tour raconte une histoire. Pour Antoine Boute, qu'on ne s'y trompe pas, il y a une vraiment une volonté de faire une poésie populaire qui passerait par toutes les bouches, c'est toutes les bouches qui parlent à travers les histoires d'Antoine Boute, toutes les bouches qui répètent les histoires et qui reviennent en arrière pour détailler un évènement hyper important que le narrateur a failli oublier de préciser. Que ce soit des bouches de filles, de clodos ou d'enfants, c'est toutes ces bouches qui écrivent les histoires d'Antoine Boute. Antoine Boute écrit des trucs super vivants et marrants et populaires pour faire revivre un peu la poésie par le biais de toutes ces bouches qui ont fini par raconter ses polars à travers sa parole à lui.

jeudi 7 octobre 2010

LES MORTS RIGOLOS - extrait. Par Victor, Lucas & Antoine Boute

Pendant le déjeuner Lucas demande à sa maman : « Maman, j’ai reçu une grande boule de noël pour la noël, tu pourrais s’il te plaît la pendre à notre sapin ? » - « D’accord Lucas, mais finis d’abord de déjeuner. »

Tout le monde finit de déjeuner, Lucas va chercher sa boule de noël sur le tas de cadeaux qu’ils ont ramené de la fête et la donne à sa maman. Ann essaie de mettre la boule dans le sapin, tout en haut du sapin, mais n’y arrive pas parce qu’elle est trop petite. Du coup elle appelle Antoine : « Tu peux venir accrocher la boule dans le sapin à ma place s’il te plaît, moi je n’y arrive pas ! » - « Ok j’arrive, donne-moi la boule ! »

Antoine prend la boule mais au moment où il la soulève, il entend un drôle de bruit à l’intérieur : « tic, tic, tic, tic, tic, … » - « Ann, viens un peu écouter, il y a un drôle de bruit à l’intérieur de cette boule de noël. » Ann pose son oreille sur la boule, entend le bruit et dit : « Oui, bizarre, je me demande si ce ne serait pas une bombe ? » A ce moment-là, BANG !, la bombe-boule-de-noël explose et tue Ann et Antoine d’un seul coup.

Victor et Lucas voient ça d’un peu plus loin, et trouvent que c’est une bonne blague que leurs parents leurs font : ils sont sûr qu’ils font semblant d’être morts.

- Hé papa ! Pourquoi t’as plein de Ketchup sur toi ?
- C’est pas du Ketchup gros malin, c’est du sang ! Je suis mort ! Je suis l’esprit de ton papa ! Je suis mort !

Victor et Lucas pleurent très très fort… Snif snif, snif snif.

- Qu’est-ce qu’on fait, maintenant, Lucas ?
- Ben viens Victor, on va vivre comme des hommes préhistoriques !
- Je suis d’accord, mais il faut d’abord s’occuper de l’enterrement !
- Mais comment ?
- Ben c’est facile, on appelle les flics !
- Non, pas question ! On appelle pas les flics, on appelle les pompiers, j’ai des problèmes avec les flics !
- Ben c’est pas grave, c’est moi qui les appelle alors !
- Non, on appelle les pompiers !
- Bon d’accord, on appelle les pompiers.

Victor se penche sur le corps de son papa et prend le téléphone qu’il a dans sa poche. Il dit : « maintenant, c’est mon téléphone ! » - « Et celui de maman, c’est le mien ! » répond Lucas en se penchant sur le corps de sa maman.

- Allo, les pompiers ? Mon papa et ma maman sont morts !
- Ok on vient vous sauver ! Vous avez des grands-parents chez qui vous pourriez aller habiter ?
- Oui, on en a plein mais on veut pas ! On a décidé d’aller habiter dans la forêt, comme des hommes préhistoriques !
- Ok les gars ! On arrive !
- Dites, les pompiers ! Vous pourriez nous donner les squelettes de nos parents comme souvenir ? Comme ça on les pend à un arbre et autour de l’arbre on va faire une cabane ! On utilisera leurs os pour massacrer les méchants ! On prendra aussi la boule de noël bombe, le boomerang-lame et les vrais fusils, tous les jeux qu’on a reçu à la noël.
- Dites les amis, c’est pas très poli de prendre le squelette de vos parents… Normalement il faut les mettre dans le cimetière.
- Ben non, pas obligé ! On garde le squelette et on met juste le cœur au cimetière. Ok ?
- Bougez pas, on arrive !

Les pompiers arrivent avec leur ambulance et convainquent Lucas et Victor de mettre le corps de leurs parents dans le cimetière plutôt que de les découper en morceaux pour massacrer les gens avec leurs os. Ils en profitent pour aussi prendre le corps de Petzel et le corps du voleur. Tout le monde est très triste et pleurt beaucoup. Toute la famille arrive pour organiser les enterrements.

Après l’enterrement de leurs parents, Victor et Lucas partent, comme prévu, habiter dans la forêt comme des hommes préhistoriques. Victor prend le plus grand couteau de la maison et c’est tout, parce qu’il décide de vraiment vivre comme un homme préhistorique. Lucas, lui, préfère tout de même prendre à manger : il explique à Victor que c’est quand ils auront fini de manger toute la nourriture qu’ils commenceront à tuer des biches avec leurs lances et à vivre comme des hommes préhistoriques. Ils partent dans la forêt mais se rendent rapidement compte que ce serait plus pratique de vivre dans leur jardin : là au moins ils ont un potager et peuvent de temps en temps rentrer dans la maison pour laver de la salade ou des fraises par exemple, ou jouer avec leurs jeux, leurs instruments de musique etc. Ils font donc demi-tour et s’installent dans le fond du jardin, dans leur cabane. La première chose à faire, se disent-ils, c’est de tailler des lances. Comme ça, si une biche passe, on la tue. Ils ont à peine fini de tailler qu’un cerf vient se battre avec son ami dans le jardin : leur maison est juste à côté du bois, et donc il y a souvent des cerfs qui viennent s’y battre.

- Ok moi je tue le plus grand, dit Victor, parce que c’est moi le plus grand !
- Non ! Moi je dois avoir le plus grand, puisque je suis le plus petit ! Je dois plus grandir que toi, donc j’ai besoin de plus de cerf que toi !
- Je suis pas d’accord ! Je prends le plus grand !

Victor et Lucas discutent longtemps, longtemps, tellement longtemps qu’ils ne remarquent pas que les cerfs étaient fatigués de se bagager dans le jardin et sont partis.

- Ah zut, qu’est-ce qu’on va manger ce soir, alors ?
- Je sais pas moi, j’ai pas faim.
- Moi en tout cas je vais manger des pommes.
- Bon ok, moi aussi.
- Et après on va aller avec la voiture en France et on va faire du canoë !
- Bonne idée, mais tu crois pas qu’on va tuer de gens sans faire exprès, puisqu’on ne sait pas conduire ?
- Oui, et on va foncer dans un magasin sans faire exprès !
- Et on se fera poursuivre par la police, on ira tellement vite qu’ils n’arriveront pas à nous suivre !
- On arrivera à la Dordogne, on mettra notre canoé dans l’eau et ils nous poursuivront avec leurs tanks, dans l’eau !
- Mais non hein, ça se peut pas, un tank dans l’eau !
- Mais si ça se peut ! Patate !
- Mais non !
- Mais si, si l’eau est pas trop profonde !
- Mais la Dordogne c’est super profond !
- Bon ok, on part pas en voiture alors !

par AC Hello pour OVERWRITING

armée noire à Dunkerque

optreden in Groningen - Noorderzonfestival

Ik ben hier in Groningen omdat ik een workshop moest organiseren met jonge Belgische delinquenten – de bedoeling is dat ik hen leer hun driften te beheersen door die te koppelen aan klankpoëzie.

Ik ben hiervoor met mijn groep delinquenten speciaal naar Groningen gekomen omdat er hier bendes jongeren rondlopen die in de straten van het stadscentrum ‘s nachts schreeuwen en brullen.

Ik vond dit fenomeen interessant en het bracht me op het idee een soort collectieve klankperformance te organiseren, samen met mijn stagiairs.

Je ziet het aankomen, we huren een appartement pal in het centrum van de stad, op de tweede verdieping, en hopla de eerste nacht dat we er zijn is het direct een schot in de roos : we beslissen pornolettrisme door het raam te doen, dus porno maar voor elk publiek, voor iedereen bestemd aangezien de naakte lichamen gewoon vervangen worden door letters of door klanken, wat dus porno wordt maar dan abstract, abstract-porn, 100% moreel.

We zitten daar vollenbak pornolettrisme te doen aan het raam en ’t heeft direct goed gewerkt moet ik zeggen, er is direct een hele bende jongens en meisjes die vanuit de straat vanalles met hun stem met ons begon uit te spoken.

En toen dachten wij hier zo van kom, kom hier iedereen, kom we gaan hier iedereen in een hypnotische transe brengen ! Dat gaat smaken !

Hoe dik gelukkig dat wij hier zullen kunnen zijn zo met iedereeen samen onder experimentele pornolettristische klankhypnose !

Dan wordt het spannend natuurlijk, omdat er meer en meer jongeren gelokt worden door wat wij hier allemaal uitspoken en het wordt echt feest, echt zwaar feest pal onder ons appartement daar in het centrum van Groningen.

Iedereen staat daar volledig in trance en pornolettrisch gehypnotiseerd en je ziet het aankomen, een bende jongens en meisjes die in het gebouw recht over ons zaten te feesten op de 2de verdieping wordt smoorverliefd op ons.

Ze worden echt doodverliefd en omdat ze echt heel plezant zijn en heel mooi, worden wij natuurlijk ook oerverliefd op hen.

Nu wordt het echt spannend, want die mensen krijgen het in hun bol een kabel te spannen tussen de 2 gebouwen, zodat we elkaar daar, op die kabel, fysisch zouden kunnen ontmoeten.

Ze gooien ons een touw toe, we maken het touw vast aan een radiator, iedereen zit nog altijd in transe te schreeuwen en voilà ’t is vertrokken, de jongeren kruipen naar elkaar toe, op de touw.

De scène is echt heel mooi, heel poëtisch maar ook heel tragisch natuurlijk : men ziet een alsmaar groter wordende massa jonge brullers en schreeuwers op straat in pornolettristische transe geraken, terwijl over hen jongens en meisjes over het gespannen touw naar elkaar toe kruipen.

Echt heel mooi en poëtisch allemaal aangezien, je raadt het al, veel van die verliefde en in trance verkerende jongeren van het touw pal op straat vallen, waardoor men een heel mooi klankenmengsel bekomt : hun pijnkreten samen met de kreten van de massa in transe. Er vallen ook een paar doden, we wenen en blijten het uit, echt magisch allemaal wat dat als klankresultaat geeft, zeker wanneer een paar overlevende jongeren elkaar uiteindelijk fysisch weten te ontmoeten op de kabel.

Voilà. ’t Is ongelooflijk maar het is juist op dit ogenblik dat een jonge filosoof voorbijloopt en dit tafereel ziet. Hij vond het zo indrukwekkend dat hij besloten heeft een filosofisch boek te schrijven over deze scène, door ondermeer de theorieën van Freud over de doodsdrift en de levensdrift te gebruiken. Echt spannend allemaal.

projet MOTNEY des éditions MOOS/BRUGGER

conférence pour mon livre POST CREVETTE - éd. de l'âne qui butine

VOIR http://www.onlit.be/index.php?option=com_k2&view=item&id=534:conf%C3%A9rence-pour-mon-livre-post-crevette&Itemid=148

Algarve Bio Hardcore

soirée BRUL # 3 les Ateliers Claus